EDR 2023 : Réussite et autonomie étudiante > Axe 5 : Transformation des formations en compétences
Coordonné par Margarita Auli Giraldo
L’Approche Par Compétences est un outil de restructuration des formations permettant de formaliser des référentiels de compétences et d'entraîner des changements de pratiques pédagogiques et d’évaluation. L’objectif est la création d’un langage commun pour tous les acteurs (enseignants, étudiants et employeurs) qui aurait la faculté d'éclaircir la relation entre la formation, les profils de sortie des étudiants et les demandes du monde socio-professionnel. Ainsi, l’objectif des enseignements est transformé, il ne s’agit plus seulement de partager des connaissances avec les étudiants mais de les accompagner dans leur développement de compétences. Ce qui est mis en valeur c'est la capacité de l'apprenant et futur professionnel de s'approprier les apprentissages et les opérationnaliser dans différentes situations. De cette façon, l’évaluation change de nature, l’objectif est d’aller plus loin que la simple performance de l’étudiant en mettant l’accent sur la structuration de son activité cognitive, sa capacité à mobiliser des apprentissages pour élaborer des solutions à des problèmes : ce qu’il sera amené à faire dans sa vie professionnelle de façon autonome.
Catherine Loisy
maître de conférences HDR émérite, École Normale Supérieure de Lyon
Docteur en psychologie et habilitée à diriger des recherches en sciences de l’éducation et de la formation, est enseignante-chercheure émérite à l'École Normale Supérieure de Lyon. Membre du Centre de Recherches sur l’Éducation, les Apprentissages et la Didactique (CRÉAD, EA 3210) et de Sciences et Société; Historicité, Éducation et Pratiques (S2HEP, UR 4148), ses recherches portent sur le développement professionnel continu des enseignants dans leurs environnements de travail. Elle étudie notamment les trajectoires de développement à l'aide de la Méthode trajectoire, un outil méthodologique qu'elle a élaboré. Elle s'intéresse aux interrelations entre ce développement et les demandes institutionnelles (accompagnement du projet d’orientation dans l’enseignement secondaire, déploiement de l’approche-programme et de l’approche par compétences dans l’enseignement supérieur) et les changements sociétaux (essor du numérique, situation de confinement). Elle est engagée dans le réseau des Lieux d’éducation associés à l’Institut français de l’éducation à l’Institut français de l’éducation (LéA-IFÉ) depuis son origine.
Résumé du cours : Former pour des compétences : une approche développementale
Au cours des dernières décennies, l’usage du terme ‘compétence’ s’est largement répandu, d’abord dans les organisations, puis en éducation et formation parallèlement au déploiement d’une culture de l’évaluation. Dans le même temps, la littérature de différentes disciplines s’est emparée de cette notion, et de nombreuses définitions, parfois divergentes, ont été élaborées. Toutefois, tous les auteurs reconnaissent son caractère pragmatique : la compétence ne se donne à voir que si elle est mobilisée dans une activité. Ce cours ancré en psychologie historique et culturelle considère que le développement est social, à la fois parce que les outils et concepts sont des moyens d’action historiquement et socialement construits, et parce que leur appropriation se réalise en interaction avec autrui. Une des conséquences est que ‘Penser une formation pour des compétences’ revient à créer les conditions sociales de leur appropriation dans un environnement permettant à la personne de rencontrer des objets culturels (outils, instruments symboliques, rôles sociaux et formes d’intervention). Le développement est potentiellement permis par une dialectique entre ces conditions offertes et l’expérience vécue de la personne : le triple rapport à l’objet, à soi et à autrui est mobilisé et réorganisé pendant toute activité. Le modèle constructiviste piagétien de la compétence développé par Coulet permet, à l’appui du concept de schème, de jouer sur différentes dimensions de l’organisation de l’activité pour soutenir le développement des compétences. Par ailleurs, Coulet met l’accent sur les régulations, ce qui est très pertinent du point de vue développemental ; les régulations, comme les évaluations, peuvent porter sur les composantes des compétences. Cependant, l’approche piagétienne conduit à les considérer du point de vue des conduites adaptatives (ajustement des règles d’action, révision des connaissances, changement d’activité si celle qui est mobilisée n’est pas adaptée pour résoudre la tâche), or, selon l’approche vygotskienne, les régulations sont à considérer du côté du passage de l’action sur le monde réel au ‘crible de la pensée’ qui permet de la transformer en une action réfléchie.
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